Constats et intentions

Un modèle de l'accueil à réviser pour des publics aux profils multiples

Ce qu’on appelle communément « les sans-abris » recouvre une multitude d’individualités et de situations différentes auxquelles il faut tenter de répondre le plus justement possible. Les personnes sans abri de longue durée, les familles, en situation légale ou non, les migrants, les jeunes en rupture familiale, les femmes victimes de violences conjugales … Certains souffrent d’assuétudes, de problèmes «psy», de problèmes médicaux. D’autres sont en situation d’urgence ponctuelle et pourront rebondir plus rapidement. L’analyse des chiffres de notre activité nous permet de faire une observation marquante : près d’une personne hébergée sur deux (47,9%) en 2019 est restée moins de cinq jours au Samusocial, et trois personnes sur quatre moins d’un mois… Pour ces personnes, un accompagnement social appuyé leur permettra d’écourter tant que possible le recours à notre dispositif d’aide.

Si les hommes en rue ont toujours été en plus grand nombre que les femmes, les familles et les femmes seules en rue sont de plus en plus nombreuses et il devient difficile de pouvoir garantir chaque jour une place à chacune malgré leur vulnérabilité particulière.

Afin de répondre à ces besoins, des centres d’hébergement aux capacités d’accueil parfois très importantes sont ouverts. La grande taille des centres et le format d’accueil privilégié montrent toutefois leurs limites et nous incitent à la remise en question.

Un modèle de l'accueil à réviser

Le modèle de l’accueil doit être révisé, en effet, les conditions d’accueil de nos centres d’hébergement tels que financés actuellement ne permettent pas d’atteindre un seuil de qualité et d’encadrement suffisant.

Plusieurs avancées ont déjà été menées en 2019 :

  • Limitation de la capacité maximale des chambres : les dortoirs de 12 à 40 places ont été fractionnés en chambres de maximum 12 lits.
  • Consignes individuelles dans chacun des centres. Le centre Poincaré et le centre hivernal Botanique ont été équipés de consignes individuelles.
  • Révision du système de nettoyage : nettoyage permanent des sanitaires dans les centres les plus fréquentés.

Notre objectif est de poursuivre en 2020 le mouvement initié afin d’offrir un accueil digne et une prise en charge qualitative pour les personnes que nous aidons. Pour aller dans ce sens, nous plaidons pour la mise en place de plusieurs mesures :

  • Un accueil 24/24H systématique dans tous les dispositifs d’hébergement d’urgence, y compris les centres hivernaux

    Offrir un accueil continu aux personnes, c’est créer un lien de confiance plus fort avec les résidents et favoriser la mise en place d’un suivi plus efficace vers une solution de sortie de rue plus rapide.

    En supprimant l’obligation de quitter le centre le matin, c’est toute la dynamique du rapport travailleur-hébergé qu’on inverse au profit d’une relation constructive focalisée sur l’aide à la personne et non plus sur le rappel des règles et des horaires.

    L’accueil en 24/24 permet d’apaiser les tensions, à l’intérieur des centres mais également à l’extérieur, notamment auprès des riverains qui ne voient plus les résidents de nos centres attendre leur ouverture sur les bancs du quartier.

    L’accueil de jour doit être structuré (notamment par la mise en place d’activités) et la collaboration avec les services de jour existants renforcée en vue de dynamiser les personnes hébergées et renforcer leur autonomie.

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    Un accueil 24/24H systématique dans tous les dispositifs d’hébergement d’urgence, y compris les centres hivernaux

    Offrir un accueil continu aux personnes, c’est créer un lien de confiance plus fort avec les résidents et favoriser la mise en place d’un suivi plus efficace vers une solution de sortie de rue plus rapide.

    En supprimant l’obligation de quitter le centre le matin, c’est toute la dynamique du rapport travailleur-hébergé qu’on inverse au profit d’une relation constructive focalisée sur l’aide à la personne et non plus sur le rappel des règles et des horaires.

    L’accueil en 24/24 permet d’apaiser les tensions, à l’intérieur des centres mais également à l’extérieur, notamment auprès des riverains qui ne voient plus les résidents de nos centres attendre leur ouverture sur les bancs du quartier.

    L’accueil de jour doit être structuré (notamment par la mise en place d’activités) et la collaboration avec les services de jour existants renforcée en vue de dynamiser les personnes hébergées et renforcer leur autonomie.

  • Des infrastructures adaptées à l’hébergement et permettant un accueil différencié des publics

    La considération de la qualité de la vie collective met en évidence les besoins de dignité du public accueilli.

    La plupart de nos bâtiments ne sont originellement pas destinés à l’hébergement, en découle une série de problématiques ayant un impact non-négligeable en termes de santé publique (nuisibles, propagation des virus, etc.) mais également en termes de bien-être individuel.

    Il est primordial de pouvoir disposer de bâtiments répondant aux normes architecturales posées par les hébergements en collectivité et offrant des possibilités d’aménagements permettant un accueil digne. La question de l’espace est cruciale, notamment afin d’éviter le recours à des dispositions renforçant la promiscuité, par exemple l’hébergement en lits superposés qui doit être proscrit.

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    Des infrastructures adaptées à l’hébergement et permettant un accueil différencié des publics

    La considération de la qualité de la vie collective met en évidence les besoins de dignité du public accueilli.

    La plupart de nos bâtiments ne sont originellement pas destinés à l’hébergement, en découle une série de problématiques ayant un impact non-négligeable en termes de santé publique (nuisibles, propagation des virus, etc.) mais également en termes de bien-être individuel.

    Il est primordial de pouvoir disposer de bâtiments répondant aux normes architecturales posées par les hébergements en collectivité et offrant des possibilités d’aménagements permettant un accueil digne. La question de l’espace est cruciale, notamment afin d’éviter le recours à des dispositions renforçant la promiscuité, par exemple l’hébergement en lits superposés qui doit être proscrit.

  • Des mesures d’hygiène et de nettoyage renforcées

    La révision du fonctionnement de plusieurs services (cuisine, horaires de permanence et d’accueil, accès aux douches, etc.) ainsi que le nettoyage renforcé (et en grande partie externalisé) de l’ensemble de nos structures est une priorité. Elle implique néanmoins un refinancement indispensable pour pouvoir être menées à bien.

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    Des mesures d’hygiène et de nettoyage renforcées

    La révision du fonctionnement de plusieurs services (cuisine, horaires de permanence et d’accueil, accès aux douches, etc.) ainsi que le nettoyage renforcé (et en grande partie externalisé) de l’ensemble de nos structures est une priorité. Elle implique néanmoins un refinancement indispensable pour pouvoir être menées à bien.

  • Le renforcement des maraudes

    La mission d’« aller vers », la prise en charge psycho-socio-médicale et l’orientation des personnes en rue n’ayant pas accès à une solution d’hébergement est un élément clé de notre dispositif d’aide. Il est important de continuer à garantir un financement permettant de structuraliser la permanence de trois équipes mobiles, tant en journée qu’en soirée, et aussi bien en semaine que le week-end. Les équipes mobiles sont le baromètre de l’évolution du sans-abrisme à Bruxelles, le premier niveau d’alerte sur des situations humanitaires nécessitant une intervention d’urgence. Leur action nous permet de suivre l’évolution des mouvements des personnes sans hébergement et l’évolution des squats.

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    Le renforcement des maraudes

    La mission d’« aller vers », la prise en charge psycho-socio-médicale et l’orientation des personnes en rue n’ayant pas accès à une solution d’hébergement est un élément clé de notre dispositif d’aide. Il est important de continuer à garantir un financement permettant de structuraliser la permanence de trois équipes mobiles, tant en journée qu’en soirée, et aussi bien en semaine que le week-end. Les équipes mobiles sont le baromètre de l’évolution du sans-abrisme à Bruxelles, le premier niveau d’alerte sur des situations humanitaires nécessitant une intervention d’urgence. Leur action nous permet de suivre l’évolution des mouvements des personnes sans hébergement et l’évolution des squats.

Des accueils spécifiques à maintenir et/ou développer

Dans un monde idéal, chaque public devrait être accueilli dans un centre adapté aux particularités de sa situation. C’est un objectif vers lequel nous travaillons avec les moyens dont nous disposons, développer une offre de centres spécialisés, visant des publics spécifiques et prenant le relais de nos centres d’accueil d’urgence : la Medihalte pour les personnes malades, les centres pour familles dont la situation permet d’envisager une orientation vers des solutions d’insertion.

Beaucoup reste à faire. Il n’existe à ce jour pas de centre spécifique pour l’accueil des femmes, structure pourtant nécessaire à Bruxelles. L’accueil de personnes plus âgées et de personnes très fragiles est également un enjeu auquel nous souhaitons pouvoir répondre de façon plus appropriée.

Par ailleurs, le Samusocial entend poursuivre sa mission d’accueil de demandeurs de protection internationale menée sous mandat de l’agence fédérale Fedasil. Cette mission reste essentielle et s’inscrit par ailleurs dans la logique d’intervention du Samusocial. L’une des priorités qui détermine le mandat confié par Fedasil est en effet l’accueil de personnes qui n’entrent pas dans le circuit habituel du réseau de l’agence fédérale : cas disciplinaires, personnes présentant des troubles du comportement exclues du système traditionnel d’accueil, primo-arrivants …

 

Un accompagnement multidisciplinaire à renforcer pour améliorer nos recherches de solutions et de remise en logement

La multidisciplinarité psycho-médico-sociale, est nécessaire pour une prise en charge immédiate et de qualité de la personne, à la fois pour répondre instantanément à l’ensemble de ses besoins primaires mais également pour l’accompagner vers la sortie de rue et l’insertion.
Elle doit pouvoir se décliner dans ses trois dimensions – médicales, sociales et psychologiques ou psychiatriques :

  • Accompagnement social pour identifier des solutions de sortie de rue, ce qui suppose le renforcement du pôle d’accompagnement social et la mise en place d’une coordination sociale (question du dossier social unique, développement de partenariats avec le réseau d’aide aux sans-abri …).
  • Accompagnement psychologique qui doit pouvoir être proposé systématiquement pour répondre au besoin essentiel de soutien. Il doit se traduire par la mise en place d’une cellule de psychologues, aujourd’hui inexistante au sein du New Samusocial. Et ce afin de renforcer la capacité d’orientation de personnes sans abri souffrant de problèmes de santé mentale parfois aigus.
  • Accompagnement et prise en charge médicales, ce qui suppose la mise en place d’une coordination médicale renforcée et d’un cadre médical suffisant.

 L’offre d’accompagnement PMS reste aujourd’hui insuffisante dans nos centres, particulièrement dans nos centres hivernaux qui accueillent un très grand nombre de personnes.

En outre, il est essentiel pour le Samusocial de continuer à réfléchir sur l’extension de son programme Housing First et de développer son expertise sur le mode d’accompagnement à proposer dans ce format d’intervention.

Des réponses à la problématique des « sans-droits »

Il est essentiel de rechercher des solutions pérennes pour les sans-papiers[1] sur le territoire bruxellois, notamment des solutions de logement alternatives aux centres d’urgence. Ce public représente aujourd’hui plus de deux-tiers des bénéficiaires des centres d’urgence du New Samusocial. L’approche vis-à-vis de ce public doit être différenciée de celle vis-à-vis des migrants en transit[2]. Ce qui implique aussi pour le New Samusocial de s’entourer de compétences juridiques appropriées.

Par ailleurs, les critères d’octroi de l’Aide Médicale Urgente sont trop restrictifs, son champ d’intervention doit être élargi, les délais d’obtention doivent être raccourcis, les procédures de demande simplifiées et les conditions de prises en charge uniformisées entre les différents CPAS.

[1] On entend par « sans-papiers », les personnes en séjour en Belgique n’ayant jamais obtenu de titre de séjour permanent. Ces personnes ont généralement très peu d’espoir de voir leur situation régularisée.

[2] Les migrants en transit sont les personnes de passage en Belgique, qui ne sont pas installées sur le territoire pour du long terme ou qui ne souhaitent pas le faire.

La nécessité de mieux connaître/étudier le public sans abri à Bruxelles

La diversité des publics aidés sur Bruxelles implique également de soutenir Bruss’Help dans le développement d’un système d’analyse des données (sociologiques, sociales, médicales). De la qualité de nos données dépendra la qualité des analyses et des réponses opérationnelles qui seront déployées en conséquence.

Peu d’analyses existent aujourd’hui par exemple sur la question migratoire dans notre région. C’est un enjeu actuel, être mieux outillés afin de pouvoir connaître plus précisément la composition du public sans abri à Bruxelles.