Edito

2019, le nouveau Samusocial est sur les rails pour une plus grande qualité de l’accueil

2019, le nouveau Samusocial est sur les rails pour une plus grande qualité de l’accueil

Dans la capitale belge, les personnes sans abri font partie de l’environnement urbain. Ils sont tellement présents qu’ils en deviennent invisibles. Cependant, il arrive que l’on s’arrête sur une situation particulière, touché(e) par une femme âgée fragile, un enfant qui ne comprend pas bien ce qu’il fait là avec ses parents, un jeune homme au regard vide.

Ces personnes que chacun croise chaque jour sans plus s’en rendre compte, sont pourtant chaque année plus nombreuses dans nos rues. Parmi elles, de plus en plus de familles avec enfants, de femmes seules. Mais aussi des hommes, parfois très jeunes, des migrants, en transit ou non.

En 2019, 8.874 personnes sans abri différentes dont 1.290 enfants ont été hébergées et accompagnées par le Samusocial. 866 d’entre-elles ont pu être orientées vers des solutions de sortie de rue.

Pour héberger ces personnes, le Samusocial ouvre des centres d’hébergement aux capacités d’accueil parfois très importantes. La grande taille de nos centres et leur format d’accueil privilégié montrent toutefois leurs limites. Aujourd’hui, plus que jamais, malgré l’augmentation du nombre de sans-abris, nous faisons tout pour diminuer la taille de nos structures.

Cette remise en question n’est pas nouvelle dans le chef des équipes de terrain qui sont en première ligne. Elles sont souvent conscientes d’offrir des conditions d’accueil trop sommaires aux personnes qui n’ont pas d’autres solutions que le Samusocial.

Mais en 2019, les choses bougent, un vent de renouveau souffle sur le Samusocial. Certaines mesures sont déjà prises en termes d’amélioration de la qualité de l’accueil et donnent le ton sur la dynamique qui est engagée. Les dortoirs, dont certains pouvaient atteindre 30 à 40 lits, ont été fractionnés en chambres de maximum 12 lits avec l’objectif d’une capacité moyenne par chambre de 3 à 4 lits. Des consignes ont été installées dans nos centres d’accueil d’urgence Poincaré et Botanique et le nettoyage des sanitaires a été renforcé.

La démarche de recherche de qualité nous confronte plus que jamais aux insuffisances posées par l’utilisation de bâtiments dont la conception ne répond pas aux exigences requises pour l’hébergement en collectivité. La question de la nécessité de trouver des bâtiments et infrastructures adéquats constitue donc un des enjeux principaux auxquels il faudra répondre dans les prochaines années.

Au niveau plus institutionnel, c’est cette année que l’ancienne asbl Samusocial a été dissoute pour donner naissance au New Samusocial, dénomination juridique de la nouvelle entité. Dans la pratique usuelle, nous restons le Samusocial de Bruxelles, membre du Samusocial International. Notre dispositif d’aide est désormais constitué en asbl de droit public cogérée par des représentants des autorités régionales, de la société civile et du secteur sans abri. Parmi eux, notre Président, Stéphane Heymans, également Directeur des Opérations chez Médecins du Monde Belgique.

Ce changement juridique a également été l’occasion de redéfinir en interne notre vision pour les cinq années à venir ainsi que les valeurs qui doivent porter notre action et nous permettre d’apporter un soutien de qualité aux personnes sans abri.

Une des premières conclusions qui se dégage confirme notre souhait de poursuivre la dynamique engagée et de revoir la qualité de l’accueil à différents niveaux : la qualité des infrastructures, de l’accompagnement psycho-médico-social. Autre conclusion : la nécessité de garder un accueil inconditionnel qui cible l’ensemble des publics vulnérables, y compris des demandeurs d’asile. Enfin, la volonté de davantage écouter la parole des hébergés a également été soulignée comme une clef de l’amélioration de nos services.

Enfin, l’action du Samusocial ne peut se déployer que dans la recherche de complémentarités et de synergies avec les autres acteurs socio-sanitaires, dans le cadre d’une politique menée par les autorités régionales et fédérales qui nous mandatent pour aider les personnes sans abri et les personnes en demande de protection internationale.

Les défis sont multiples, les chantiers nombreux, il s’agit de les mener de front tout en continuant à répondre aux besoins humanitaires qui évoluent chaque année. Mais c’est la dynamique collective engagée autour du projet, tant au niveau des équipes que des partenaires, qui va nous permettre de poursuivre le mouvement qui est lancé.

Sébastien Roy
Directeur Général