Mission « Sans-abri »

L’équipe mobile Recherche-Action Gare du Nord

Apporter une aide humanitaire au public vulnérable dans le secteur gare du Nord.
Analyser les besoins du public et formuler des recommandations. 

Entre octobre et décembre 2019

  • 55 Maraudes
  • 193 Entretiens informels
  • 292 Orientations

L'Equipe :

  • Un coordinateur
  • Une psychologue
  • Une travailleuse sociale

Objectifs de la Mission

  • En octobre 2019, la Région Bruxelles-Capitale mandatait le Samusocial pour mener le Projet Recherche-Action Equipe Mobile Gare du Nord et Alentours, pour une durée de 5 mois.
    Le projet a pour objectif d’évaluer les besoins de la population vivant à la Gare du Nord et alentours ainsi que les manques exprimés par les partenaires du secteur intervenant déjà auprès de ce public.

    A travers une double mission d’orientation et de recherche, le Samusocial a assuré une concertation avec le Hub humanitaire et les différents acteurs adhérents (Plateforme citoyenne d’aide aux Réfugiés, la Croix Rouge, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières et SOS Jeunes) et a mis en place un relais social en diffusant des informations pertinentes auprès du public rencontré.

    3 volets ont jalonné le projet :

    • Recherche : analyse de l’offre existante proposée et des besoins du secteur quant aux maraudes et interventions d’orientation ;
    • Analyse du public rencontré ;
    • Rédaction d’un plan d’action faisant état des constats et recommandations.

Activités menées

L’offre de service proposée par le projet se décline en deux mandats

Un premier mandat auprès des partenaires : 

Dans le cadre du projet Recherche-Action, une analyse des services existants sur base de données théoriques, géographiques et démographiques a été réalisée.

  • Sur cette base, des partenariats ont d’abord pu être établis entre l’équipe mobile d’aide et des projets déjà existants, permettant une implication du Samusocial dans des réseaux qui lui sont parfois étrangers.
  • Puis, l’exploration des besoins des partenaires mettant en évidence un manque de concertation, des mises en relation ont eu lieu : entre le Hub humanitaire et Toestand, entre Vluchtelingenwerk et UNLS ainsi qu’entre Zigzag Kitchen et Toestand.

Un second mandat auprès de la population vulnérable ciblée :

  • Ecoute, établissement d’un lien de confiance/Diffusion d’information ;
  • Mise à l’abri et accompagnement vers des structures d’hébergement ;
  • Mise en place d’un réseau de toilettes solidaires pour femmes vulnérables.

Répartition des activités menées

Entretiens informels (193 / 59,94%) Maraudes (55 / 17,08%) Rencontres partenaires (39 / 12,11%) Accompagnements toilettes (35 / 10,87%)
Entretiens informels19359,94 %
Maraudes5517,08 %
Rencontres partenaires3912,11 %
Accompagnements toilettes3510,87 %
  • Les équipes mobiles font partie de l’« ADN » du Samusocial : les maraudes se portent à la rencontre des personnes les plus vulnérables afin de leur apporter une aide immédiate.  L’équipe Recherche – Action s’est donc inscrite dans cette lignée en assurant une présence hors les murs dans le secteur de la Gare du Nord/Parc Maximilien. Au cours de ses maraudes, l’équipe a principalement procédé à des orientations du public rencontré vers des services d’accueil de jour des partenaires du projet, ainsi que vers les structures d’hébergement du Samusocial.
  • Dès le mois de novembre, avec le lancement du projet « Toilettes solidaires », la présence de l’équipe sur le terrain a augmenté, en joignant les accompagnements toilettes aux maraudes.
  • Il a été donné priorité aux entretiens « informels » au cours des maraudes et des accompagnements toilettes comme mode de collecte des données d’analyse sur le public rencontré (genre, nationalités etc) et évaluer ses besoins.
  • Le nombre de rencontres avec les partenaires s’est également intensifié pendant le mois de novembre, lors duquel l’équipe a complété le tour d’horizon des principales organisations travaillant auprès de la population migrante à Bruxelles. Au total, 39 partenaires ont été rencontrés, à travers 45 entretiens.

Le projet "Toilettes solidaires"

Certains partenaires ayant fait le constat de problèmes de santé liés à la déshydratation auprès du public de migrants, il s’est avéré que certaines personnes s’abstenaient de boire pour éviter d’aller aux toilettes, au vu de l’absence de sanitaires sécurisés dans le Parc Maximilien. Si tant les hommes que les femmes sont concernés par ce besoin fondamental, la situation est plus délicate encore pour les femmes. En s’éloignant pour trouver un endroit isolé, elles s’exposent à des risques de violences (physiques, psychologiques et sexuelles).  De plus, le tabou et la stigmatisation qui entourent la menstruation forcent certaines d’entre-elles à utiliser des méthodes sanitaires non hygiéniques.

A l’occasion de la Journée Mondiale des toilettes 2019, l’équipe mobile a donc lancé un réseau de toilettes solidaires pour les femmes à proximité du Parc Maximilien. 6 organisations ont répondu à cet appel de solidarité :  l’Allée du Kaai, la Maison ABC, Vluchtelingenwerk, Aimer Jeunes, Latitude Nord et Point Culture. 

Un « pass-toilettes » a ainsi été créé pour permettre aux femmes d’accéder aux toilettes de nos partenaires. Une carte reprenant la géolocalisation précise des différents lieux et les horaires d’ouverture leur a également été fournie, afin de les aider à se repérer.
Enfin, l’association BruzElle s’est rapidement associée au projet afin de fournir des kits de serviettes hygiéniques que nos partenaires pouvaient aisément distribuer aux femmes vulnérables.

Impact du projet « Toilettes solidaires »

Nombre de pass distribués (61.01%)Nombre de femmes accompagnées (22.01%)Nombres de trousses BruzElle distribuées (16.98%)Nombre de pass distribués (97)Nombre de femmes accompagnées (35)Nombres de trousses BruzElle distribuées (27)
Nombre de pass distribués9761,01 %
Nombre de femmes accompagnées3522,01 %
Nombres de trousses BruzElle distribuées2716,98 %

Le succès du projet « Toilettes solidaires » est étroitement lié au développement d’un lien de confiance avec les femmes ciblées par cette action. Ce lien s’est construit à deux occasions :

  • la participation de l’équipe à la « Cérémonie du café » organisée par le Hub humanitaire (espace dédié aux femmes les mercredis après-midis), afin de nous faire connaître et expliquer le projet ;
  • la présence régulière de l’équipe au Hub humanitaire correspondant à la présence des femmes chez ce partenaire : leur temps d’attente pour accéder à leurs services était ainsi mis à profit pour leur expliquer le fonctionnement des « pass » toilettes ou encore pour les accompagner aux différents lieux mis à disposition par les partenaires du projet et les mettre en contact avec les travailleurs présents. Informellement baptisés « Toilettes Tours », ces moments étaient également l’occasion d’avoir un échange avec les femmes, autour d’une boisson chaude.

3.181 personnes dénombrées

Hommes (91.95%)Femmes (7.48%)MENA (0.57%)Hommes (2.925)Femmes (238)MENA (18)
Hommes2.92591,95 %
Femmes2387,48 %
MENA180,57 %

Au cours de leurs différentes interventions, nos équipes ont dénombré visuellement 3.181 personnes ciblées par le projet (attention, une même personne a pu être vue à plusieurs reprises).
Le nombre de personnes dénombrées a substantiellement augmenté au cours des trois mois de durée de projet en 2019 (362 personnes dénombrées en octobre, 592 en novembre et 2.220 en décembre). Au-delà de l’augmentation du nombre de maraudes effectuées en décembre, ceci s’explique par le fait que l’équipe mobile s’est alors rendue dans des lieux hautement fréquentés par le public-cible, notamment Belgium Kitchen, Allée du Kaai et le Chauffoir de Schaerbeek.
L’augmentation du nombre de MENA dénombrés au cours des maraudes (1 en octobre, 11 en décembre) s’explique notamment par le développement du lien de confiance entre l’équipe mobile et le public.

292 Orientations menées par l'équipe mobile Recherche-Action

Répartition des 292 orientations

Samusocial (43.15%)Hub humanitaire (22.26%)Accueil de jour (19.52%)Croix-Rouge (rue de Trêves) (4.79%)Douche Flux (3.42%)Nourriture/Parc Maximilien (2.74%)Autre (2.4%)Fedasil (1.71%)Samusocial (126)Hub humanitaire (65)Accueil de jour (57)Croix-Rouge (rue de Trêves) (14)Douche Flux (10)Nourriture/Parc Maximilien (8)Autre (7)Fedasil (5)
Samusocial12643,15 %
Hub humanitaire6522,26 %
Accueil de jour5719,52 %
Croix-Rouge (rue de Trêves)144,79 %
Douche Flux103,42 %
Nourriture/Parc Maximilien82,74 %
Autre72,4 %
Fedasil51,71 %

Focus sur les orientations vers l’hébergement

Botanique (58.14%)Croix-Rouge (rue de Trêves) (16.28%)Poincaré (12.79%)Evere (10.47%)Petit Rempart (2.33%)Botanique (50)Croix-Rouge (rue de Trêves) (14)Poincaré (11)Evere (9)Petit Rempart (2)
Botanique5058,14 %
Croix-Rouge (rue de Trêves)1416,28 %
Poincaré1112,79 %
Evere910,47 %
Petit Rempart22,33 %
  • La majorité des orientations menées par l’équipe Recherche-Action ont eu lieu vers les centres d’hébergement du Samusocial, tout particulièrement pour les personnes vulnérables rencontrées sur le terrain, en majorité des femmes enceintes et des familles avec enfant(s).
  • De manière générale, le nombre d’orientations vers les centres d’hébergement est largement inférieur aux demandes exprimées sur le terrain : ceci s’explique par la difficulté d’accès du public-cible à la réservation de places via la permanence téléphonique (pas de carte SIM belge) ainsi que par le nombre limité de places dans les structures d’accueil. Toutefois, la réouverture du centre Botanique dans le cadre du Plan hiver 2019-2020 a permis un nombre plus important d’orientations à partir du mois de décembre.
  • Pour faire face à la fermeture du point d’accueil de l’Office des Etrangers-Petit Chateau durant la période des fêtes (25-30 décembre), le Samusocial a mis à disposition 5 places d’hébergement pour hommes vulnérables, pouvant être inscrits avant l’ouverture de la permanence téléphonique à 14h.
  • L’accueil au Samusocial se limite en temps normal aux personnes majeures. 14 mineurs originaires du Yémen et du Soudan ont ainsi  été  directement accompagnés au centre de la Croix-Rouge rue de Trêves au cours du mois de décembre.

Répartition du public orienté selon la nationalité

Non-déclaré (38.7%)Syrie (26.71%)Érythrée (9.59%)Autres (6.85%)Soudan (5.82%)Yémen (4.11%)Maghreb (3.77%)Irak (3.08%)Éthiopie (1.37%)Non-déclaré (113)Syrie (78)Érythrée (28)Autres (20)Soudan (17)Yémen (12)Maghreb (11)Irak (9)Éthiopie (4)
Non-déclaré11338,7 %
Syrie7826,71 %
Érythrée289,59 %
Autres206,85 %
Soudan175,82 %
Yémen124,11 %
Maghreb113,77 %
Irak93,08 %
Éthiopie41,37 %

Parmi les personnes rencontrées ayant déclaré leur nationalité, on relève une grande majorité de syriens. Mais également des érythréens, des soudanais, des yéménites et des maghrébins.

 

Constats

  • Forte dépendance du public rencontré à l’offre associative : nécessité d’une réponse immédiate et structurelle aux besoins du public rencontré, de la part des autorités.
  • Malgré le lancement du projet « Toilettes solidaires » pour les femmes vulnérables, le manque d’accès à des sanitaires sécurisés dans le Parc Maximilien demeure un enjeu crucial (nombreuses demandes liées à l’hygiène).
  • Nombreuses associations disposées à collaborer autour du projet

Perspectives

L’équipe mobile poursuit son mandat de recherche-action jusqu’au 31 mars 2020. Nous avons mis en place plusieurs projets et identifions plusieurs perspectives pour l’année prochaine.

  1. Ouverture du local "Start Punt" de l'ONG Vluchtelingenwerk

    Notre équipe Recherche-Action y tiendra une permanence sociale, tous les mardis de 10h à 16h.

  2. Atelier photos-infos

    Afin de pallier le manque d’activités récréatives et de susciter le contact informel pour mieux connaître le public ciblé, tenue d’un atelier photos-infos tous les mercredis après-midi lors des permanences sociales de l’Allée du Kaai (réalisation de portraits).

  3. Poursuite du projet "Toilettes solidaires" et développement des partenariats existants.

  4. Reprise du mandat (auparavant porté par Bravvo et la Plateforme citoyenne) de distribution de places d'hébergement spécifiquement dédiées au public-cible.

  5. Questions/réflexions

    Quelle faisabilité d’un accueil jour/nuit au centre d’accueil « Poincaré »?

    Comment faciliter l’accès à la réservation de places d’hébergement via la régulation téléphonique pour un public ne disposant pas de cartes SIM belges ?

    Compte tenu de la mobilité de la population d’exilés, l’équipe a planifié des rencontres avec des associations situées à Calais et à Paris travaillant auprès de la population migrante.

  6. Recherche de financements pour le prolongement des activités du Projet.