Mission « Sans-abri » - L’hébergement

La Medihalte

Centre d’hébergement médicalisé offrant un hébergement temporaire aux personnes sans abri dont l’état de santé requiert une période de convalescence et/ou des soins médicaux spécifiques.

En 2019

  • 335 admissions : un turn-over soutenu de 1,3 entrée par jour ouvrable
  • 276 personnes en court séjour (durée moyenne : 4 semaines)
  • 59 personnes en long séjour (durée moyenne : 13 semaines)

Equipe :

L’équipe est composée de 33 personnes : médecins, infirmiers, aides-soignants, assistants sociaux et éducateurs.

Infrastructures :

La capacité d’accueil actuelle du centre est de 38 lits répartis dans des chambres comptant un à trois lits :

  • 23 lits « court-séjour » pour les personnes sans abri touchées par des affections médicales aiguës réclamant un hébergement temporaire (de 5 jours à 2 mois).
  • 15 lits « long séjour » destinés à l’accueil à plus long terme des personnes sans abri souffrant de pathologies chroniques.

Missions

La MediHalte offre un accueil résidentiel accessible 7j/7 et 24h/24 assorti d’infrastructures médicales, paramédicales et d’un service social. Objectifs :

  • Offrir un hébergement temporaire nécessaire au rétablissement et/ou à l’orientation de la personne ;
  • Assurer une prise en charge (para)médicale permettant la continuité des soins afin de minimiser les risques de rechute et d’allers-retours vers l’hôpital ;
  • Accompagner le patient dans ses démarches médicales, sociales et administratives afin de dégager des solutions de sortie de rue.

C’est l’état de santé de la personne et sa vulnérabilité qui déterminent la priorité de l’accueil.

Observations sur le public accueilli

Profil des hébergés en court et long séjour – Durée du séjour

 

Court séjour (n=276)Long séjour (n=59)
Sexe : homme250 (90,6%)51
Sexe : femme26 (9,4%)8
Âge moyen (années)47,851,5
Statut : Belge71 (25,7%)9
Statut : UE < 3 mois1 (0,4%)0
Statut : UE > 3 mois91 (33%)21
Statut : non UE111 (40,2%)29
Durée moyenne de séjour (nuits)28,789,2
Durée médiane de séjour/EC (nuits)25,6/2163,5/93,6

La majorité des patients sont des hommes d’environ 50 ans, originaires d’un pays hors UE.
90% des hébergés ont effectué un court-séjour à la Médihalte : la durée moyenne du court-séjour est de 28 nuitées.
1/3 des hébergés a la nationalité Belge et/ou possède une carte de séjour.

Couverture santé des hébergés en court et long séjour

 

Court séjour - Entrée (n=276)Court séjour - Sortie (n=276)Long séjour - Entrée (n=59)Long séjour - Sortie (n=59)
Mutuelle504984
Carte médicale 2201
Mutuelle + Carte médicale232425
Carte d’Aide Médicale Urgente1511674643
Fedasil0000
Aucune50 (18,1%)27 (9,8%)30
  • A l’entrée, 53 personnes (15,8%) n’avaient pas de couverture médicale. Le séjour a permis de la (re)mettre en place pour la moitié d’entre-elles. Pour les personnes en situation irrégulière, les droits restent malheureusement limités à l’aide médicale urgente.
  • 7 personnes en situation irrégulière ont pu être régularisées : 5 sur base 9ter (obtention d’une carte de séjour pour raisons médicales), 1 carte orange, 1 a récupéré son droit de séjour permanent.

Orientations entrantes

 

Organisme envoyeurCourt Séjour (n=276)Long Séjour (n=59)
SAMU46 (16,7%)0
Hôpitaux IRIS158 (57,2%)1
Cliniques19 (6,9%)1
Travailleurs de rue4 (1,4%)0
Maisons médicales7 (2,5%)0
Court séjour25 (9,1%)57
Maisons d’accueil12 (4,3%)0
Autres5 (1,8%)0
  • La majorité des personnes hébergées à la MediHalte l’ont été suite à une demande émanant d’une structure hospitalière (57,2% du réseau IRIS, 6,9% des cliniques).
  • Les consultations infirmières du centre d’hébergement d’urgence du Samusocial et les orientations des équipes mobiles d’aide sont à l’origine de 16,7% des admissions.
  • Malgré l’augmentation de places « long-séjour », quasiment toutes les entrées se sont faites via le « court-séjour ».

Pathologies principales et secondaires (%)


Un peu moins de la moitié des hébergés (46,3%) ont été suivis pour au moins 2 pathologies.
La « pathologie principale » reste le motif d’admission à la Médihalte.

Dégradation de l'état général 0,4%0,4% Ophtalmo/ORL 2,3%0,4% Neuro 3,8%1,4% Cardiovasculaire 5,4%4,7% Hormonal-Métabolique 0,8%3,6% Cancer/Hémato 0,4%9,4% Neuropsy 2,3%1,8% Douleur 15,3%1,1% Respiratoire 15,7%3,3% Trauma/ortho/rhumato 11,5%15,6% Digestif/urogénital 13,8%16,3% Dermatologie 24,1%15,2% Infectieux 4,2%26,1%
Dégradation de l'état général00,4
Ophtalmo/ORL20,4
Neuro31,4
Cardiovasculaire54,7
Hormonal-Métabolique03,6
Cancer/Hémato09,4
Neuropsy21,8
Douleur151,1
Respiratoire153,3
Trauma/ortho/rhumato1115,6
Digestif/urogénital1316,3
Dermatologie2415,2
Infectieux426,1
Pathologie principale
Pathologie secondaire
  • Les pathologies infectieuses restent en tête de liste, suivies des affections cutanées et des problématiques orthopédiques.
  • Le nombre de personnes admises pour un cancer reste stable (46 en 2019 pour 50 en 2018).
  • Les affectations neuropsychologiques et les addictions restent très lourdes : 39,4% des hébergés étaient touchés par l’alcoolisme, 18,5% présentaient un trouble neuropsychologique.

Orientations sortantes : répartition des 298 hébergés orientés à partir de la MediHalte

Retour à la rue (36.58%)Hospitalisation (17.45%)Passage en long séjour (14.09%)Samu (9.4%)Logement MA (7.38%)Urgences hospitalières (6.04%)Famille/amis (5.7%)Autres (3.36%)Retour à la rue (109)Hospitalisation (52)Passage en long séjour (42)Samu (28)Logement MA (22)Urgences hospitalières (18)Famille/amis (17)Autres (10)
Retour à la rue10936,58 %
Hospitalisation5217,45 %
Passage en long séjour4214,09 %
Samu289,4 %
Logement MA227,38 %
Urgences hospitalières186,04 %
Famille/amis175,7 %
Logement privé51,68 %
Retour volontaire31,01 %
Fedasil20,67 %
    • Pour 36% des sorties de séjour, on observe un retour en rue et pour 9% un retour vers un centre d’hébergement du Samusocial, au terme de la convalescence ou du traitement des soins.
    • 23% des sorties se traduisent pas une hospitalisation dont 25% dans le cadre d’une hospitalisation d’urgence.
    • 14% des sorties de séjour concernent un passage en « long-séjour » au sein même de la MediHalte.
    • 9% des personnes orientées ont pu regagner un logement (appartement, maison d’accueil).
    • Presque 1% des personnes en sortie ont été orientées vers Fedasil tandis qu’1% concerne le retour volontaire au pays d’origine.
    • 20% des personnes qui sont sorties de la Medihalte ont été perdues de vue ou exclues suite à un problème de comportement.

Constats

  • La MediHalte offre une alternative d’hébergement médicalisé pour les personnes sans solution d’hébergement malades. Elle répond à un besoin criant du secteur hospitalier qui est à l’origine à lui seul de 64% des admissions en 2019.
  • Le format d’hébergement est temporaire mais constitue une opportunité d’accompagnement et d’orientation vers un logement à plus long terme (en 2019, 2018 et 2017, respectivement 27, 32 et 37 personnes avaient bénéficié d’un logement à leur sortie).
  • Les places en long-séjour restent saturées en 2019.
    Sept lits « court-séjour » ont été reconvertis en lits « long-séjour » en 2018 pour répondre aux besoins importants des personnes souffrant de pathologies chroniques.
    Le nombre de courts-séjours a donc logiquement chuté en 2019, chute encore renforcée par l’allongement de la durée moyenne de séjour (de 3 à 4 semaines pour l’hébergement court-séjour), passant de 406 en 2018 à 276 en 2019.
    Cependant, l’augmentation du nombre de longs-séjours (59 en 2019 contre 50 en 2018) est non proportionnelle à la baisse du nombre de courts-séjours.

Témoignage : Makno, soigné à la Médihalte et accompagné pour une orientation en logement privé

Après avoir vécu plus de 9 ans en rue, Makno* est orienté vers le centre médicalisé de la Médihalte pour y effectuer des soins de plaies. En parallèle des soins effectués par les équipes médicales, Makno a fait l'expérience d'un accompagnement vers un logement individuel avec le soutien de notre équipe sociale. Lorsque Makno arrive au centre,  sa situation administrative est rapidement remise en ordre avec Laura, assistante sociale :

“Nous avons fait toutes les démarches nécessaires pour que Monsieur puisse bénéficier d’une situation stable et repartir sur de bonnes bases. Monsieur a perdu sa carte d'identité, nous avons donc fait une déclaration de perte, ensuite nous l’avons aidé à obtenir une adresse de référence au CPAS, ce qui lui a permis de bénéficier à nouveau de sa pension, et de la “Garantie de revenus aux personnes âgées" (GRAPA), ainsi qu’une carte de santé. En attendant de percevoir des revenus, il a reçu des avances du CPAS.”
Quelques jours plus tard, un logement a été trouvé pour Makno :  
“Laura m’a demandé si le logement m’intéressait. J’ai répondu oui tout de suite car je ne veux pas retourner à la rue. J’ai 75 ans, recommencer tout ce travail serait très difficile. Mais le plus compliqué sera de se retrouver tout seul dans l'appartement. C’est pour ça que j’ai besoin d’une télé, sinon j’aurai tendance à sortir et … je ne veux pas trop sortir de chez moi pour l’instant, je ne veux pas reprendre le risque de boire, après toutes ces années de sobriété."
Découvrir la suite de l'histoire de Makno *Nom d'emprunt